Condition de travail au Japon (1)

Publié le par David-Antoine Malinas

Le Ministère du travail japonais vient de publier les résultats de l'enquête 2012 sur les conditions de travail au Japon. Il est composé de trois parties :

  • la première concernant le temps de travail (rôdôjikan seido)
  • la deuxième sur l'âge limite du travail (teinen sei)
  • la troisième sur les rémunérations (chin gin seido)

 

Nous présentons (presques toutes) les données de la première partie dans ce post (j'ai mis de côté le minami rôdô jikan sei, le système d'équivalence heure bureau). Avec une remarque préliminaire : l'enquête distingue quatre types d'entreprises que nous nommons les très grandes (plus de 1000), les grandes (300 - 999), les moyennes (100-299), et les petites (30-99). Cette catégorisation ne correspond pas à la définition officielle qui est plus subtile mais on acceptera pour la facilité de lecture cette convention.


  • Nombre d'heures travaillées

En moyenne, un travailleur en 2012 a travaillé 7:45 par jour et 39:03 par semaine. Peut de changement par rapport aux années précédentes et peu de différences entre les très grandes et les petites entreprises.

 

Tableau 1 - Nombre d'heures travaillées

Taille de l'entreprise Moy. journalière par entreprise Moy. journalière par employé Moy. hebd. par entreprise Moy. hebd. par employé
>1000 7:47 7:45 39:03 38:47
300-999 7:46 7:45 39:04 38:58
100-299 7:46 7:46 39:12 39:09
30-99 7:44 7:45 39:27 39:25

Source, Ministère du travail, Enquête sur les conditions de travail, 2012.

  • Jours non-ouvrés

Près de 90% des entreprises ont mis en place un système ou les employés ont deux jours ou "presque (nanraka, c.a.d. qu'ils ont deux jours mais pas toutes les semaines)" de jours non-ouvrés par semaine. Une minorité a mis en place un système ou il y a moins de 1,5 ou 1 jours non-ouvrés par semaine ou plus de deux jours non-ouvrés par semaine. Elles représentent respectivement 6.5% et 4,8%. Là encore, la différence de taille de l'entreprise entraîne très peu de différences. Que ce soit des entreprises de 1000 employés ou de moins de 100, on obtient à peu de choses près les mêmes chiffres.

La répartition des employés suivant ces différents système de congés est la suivante : près de 90 pourcent ont deux jours ou presque de congés ; moins de 3 pourcent ont moins de 1,5 ou 1 jours enfin, 7,3 ont plus de deux jours de congés.

  • Nombre de jours fériés par an

La moyenne des jours fériés pour les employés japonais est de 113 jours. Une différence notable apparaît en fonction de la taille de l'entreprise. Ainsi, la majorité des petites entreprises (entre 30 et 99 personnes) soit 38 pourcent accordent entre 100 et 109 jours de congés. En ce qui concerne les très grandes entreprises, la majorité, soit 46,5 pour cent accordent entre 120 et 129 jours de congés.

 

Graphique 4 - Nombre de jours fériés en fonction de la taille de l'entreprise 

CdT_conges.jpg

  Source, Ministère du travail, Enquête sur les conditions de travail, 2012.

  • Congés payés

En moyenne, les entreprises japonaises accordent un peu plus de 18 jours de congés payés. Cependant les employés ne les prennent rarement et la moyenne en ce qui concerne l'utilisation des jours de congés est de 9 jours soit la moitié. Une différence peut être notée entre les très grandes et les petites entreprises. Les premières accordent en moyenne près de 20 jours de congés qui sont utilisés à 56% soit près de 11 jours de congés. Les secondes accordent en moyenne un peu plus de 17 jours de congés qui sont utilisés à 42%, ce qui représente 7 jours. Il y a presque une semaine ouvrée de différence. 


Tableau 2 -  Jours de congés annuels et utilisation suivant la taille de l'entreprise

 

Taille de l'entreprise Nbre de jours de congés Nbre de jours de congés pris Taux d'utilisation
>1000 19,3 10,9 56,5
300-999 18,3 8,6 47,1
100-299 17,6 7,7 44
30-99 17,1 7,2 42

Source, Ministère du travail, Enquête sur les conditions de travail, 2012.

  • Congés exceptionnels

57% des entreprises japonaises ont un système qui permet de prendre des congés exceptionnels. Il s'agit de congés de plus d'une semaine. Ce système est présent dans près de 3 très grandes entreprises sur 4 mais seulement une petite entreprise sur 2. Il existe différents types de congés exceptionnels et le congé maladie en fait partie. Autrement dit, on est certain qu'il n'y a pas de congé maladie dans 1/4 des très grandes entreprsies et dans une petite entreprise sur deux. Les différents types de congés exceptionnels qui existent sont : le congé d'été (je pense que ça doit être lié à Obon, la fête des morts japonaise) ; le congé maladie ; le congé de restauration (rifuresshu) ; le congé de volontariat, le congé de formation ; et une catégorie autre qui n'inclut pas les congés liés à la maternité, à la naissance ou au soutien de ses vieux parents.


Graphique 2 - Congés exceptionnels reconnus

Con Except Reconnus

Source, Ministère du travail, Enquête sur les conditions de travail, 2012.


Le congé d'été existe dans 43% des entreprises, un pourcentage aussi important dans les petites que les très grandes entreprises. Le congé maladie existe dans moins de 22% des entreprises. Il est plus présent dans les très grandes entreprises (près de 32%) que dans l'ensemble des autres entreprises - seulement 7% des petites entreprises l'appliquent. En ce qui concerne le congé de restauration ou de volontariat, appliqué respectivement dans 11% et 3% des entreprises, une différence notable est perceptible entre les très grandes entreprises et les petites entreprises. Ainsi 40% des très grandes entreprises mais seulement 7% des petites entreprises reconnaissent un congé de restauration. De même, 23% des très grandes entreprises pour seulement 1% des petites entreprises reconnaissent un congé de volontariat. Enfin, le congé pour formation est négligeable et ne concerne que 3% des entreprises.

 

Graphique 3 - Congé maladie reconnu

Cong maladie reconnu

Source, Ministère du travail, Enquête sur les conditions de travail, 2012.


Lorsque les employés prennent un congé exceptionnel, dans 80% des entreprises qui possèdent ce système, ils recevront leur salaire dans sa totalité, dans 16% des cas, ils ne recevront pas de salaire, et dans les cas restant, ils recevront une partie de leur salaire. La différence est importante en fonction de l'entreprise :  dans les très grandes entreprises, celles qui ne payent pas de salaire représente un peu plus de 10 pourcent. Dans les petites entreprises, elles représentent un peu moins de 20 pourcent. En fonction du type de congé exceptionnel, il existe également une différence dans le versement du salaire : dans le cas d'un congé de restauration, quelque soit la taille de l'entreprise, 90 pourcent d'entre elles verse le salaire dans sa totalité. Dans le cas du congé de volontariat, la moyenne est de 68% de salaire versé dans sa totalité ; dans le cas d'un congé de formation, la totalité du salaire est versé dans 77% des cas. Mais en ce qui concerne le congé maladie, le salaire n'est versé dans sa totalité que dans 42% des cas. Dans près de 40% des cas, il n'y a pas de versement de salaire. On part d'un niveau très bas, mais un dégradé de situations, ou une dégradation de la situation, est perceptible lorsqu'on se déplace des plus grandes entreprises aux plus petites entreprises. Les premières ne payent pas de salaire dans près de 30% des cas et les petites entreprises n'en payent pas dans près de 40% des cas.

 

  • Le système des horaires flexibles

Le dernier point de cette enquête que nous aborderons concerne le système des horaires flexibles (henkei rôdô jikan sei). Il s'agit pour l'entreprise de pouvoir s'adapter à la hausse et la baisse de demande de ses produits et donc aux hausses et aux baisses de la production en adaptant le temps de travail de ses employés. Par exemple sur une semaine, dans une entreprise où les heures de travail ne sont pas flexibles l'employé travaillera chaque jour huit heures. Dans un système où les heures de travail sont flexibles il pourra travailler le lundi 6 heures puis le mardi 10 heures. La flexbilité peut être hebdomadaire, mais elle peut être également mensualisée ou annualisée. L'enquête intègre tout ces cas de figures. 

Le résultat est qu'un peu plus de 50% des entreprises japonaises ont mis en place un système d'horaires flexbiles. Il est beaucoup plus répandu dans les très grandes entreprises qui sont près de 71% à l'appliquer alors que les petites entreprise sont un peu plus de 40%. De même on s'aperçoit que les très grandes entreprises, qui ont les moyens de la technologie qui permet de gérer au mieux le personnel (je pense que l'explication réside là), sont également celles ou le système est majoritairement appliqué sur des périodes courtes : le mois (à 44%), la semaine (à 25%). En revanche pour toutes les autres entreprises, on est dans une gestion de la flexibilité horaire qui est majoritairement annualisée, puis mensualisée, puis hebdomadaire. Pour les petites entreprises c'est assez flagrant avec respectivement 33%, 13% et 2%.

 

Graphique 4 - Taux de pénétration des horaires flexibles dans les entreprises japonaises en fonction de leur taille.

Horaires Flexibles

Source, Ministère du travail, Enquête sur les conditions de travail, 2012.

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