Travailleurs étrangers au Japon : licenciements

Publié le par David-Antoine Malinas

Un article intéressant du Monde intitulé : "le Japon licencie ses salariés d'origine brésilienne" (16 février 2008).
Du côté des informations brutes on reste néanmoins sur sa faim. On apprend qu'il y a 316 000 Nikkei jin, dont la plupart proviennent du Brésil. D'accord. Mais en même temps, par rapport au titre, on n'a aucune information sur le nombre de licenciements. Combien ont perdu leur emploi ? Impossible de savoir. Mais vraiment, il est impossible de savoir même pour les spécialistes (pas moi, moi c'est la pauvreté la question de migration je suis un peu loin, mais disons que déformation professionnelle je vais raisonner comme un pseudo-spécialiste).

Plusieurs problèmes pour compter :
- Il n'y a pas de statistiques ethniques il me semble sur les licenciements donc on ne sait pas.
- Ce sera peut-être visible sur le nombre de reconduite à la frontière, mais il faut du temps.
- Demander aux agences de recrutement, ça risque d'être difficile, c'est un système un peu opaque.
- Il me semble qu'il y a aussi un problème concernant leur lien avec leur entreprise qui n'est pas nécessairement une relation sanctionnée par le droit du travail. Je ne veux pas dire illégalité, mais je me souviens d'une conversation sur quelque chose comme "stagiaire rémunéré". (si quelqu'un peu éclairer ma lanterne, les commentaires sont les bienvenus).

Enfin, jusqu'à récemment, peu acceptaient de parler de leur situation aux journalistes. En ce sens, la manifestation qui a regroupé plus de 300 nikkei jin à Tokyo le 18 janvier 2009 signale que certains maintenant se décident à franchir le pas. Il existait déjà des mouvements de nikkei jin mais c'était surtout pour le droit à l'éducation (il devrait y avoir un working paper sur le site de la MFJ  sur cette question bientôt). Donc, c'est véritablement un nouveau mouvement, sur une nouvelle thématique. En même temps, et contrairement à ce que l'article suggère, il n'est pas possible de penser que la seule tragédie de leur situation, l'accumulation de frustrations, a permis l'émergence d'un tel mouvement.

Là, c'est ma marotte de l'action collective qui revient, mais il serait important de voir les solidarités qui pré-existent entre les travailleurs nikkei jin qui sont concentrés dans les mêmes villes, regroupés dans les mêmes quartiers, partagent les mêmes dortoirs ou immeubles. Ce lien social a probablement favorisé l'émergence de cette grande manifestation, qui regroupe quand même plus de 300 personnes, c'est un chiffre assez impressionnant en aussi peu de temps.

Je me demande aussi quel est le lien avec les personnes qui étaient déjà engagées, notamment dans le mouvement pour l'éducation des jeunes nikkei jin. Il y a là un savoir-faire qui a pu être réutilisé pour mobiliser les nikkei jin.

Et puis je me demande si la liaison avec le mouvement des précaires japonais va se faire ou non, s'il elle ne s'est pas déjà faite d'ailleurs, ne serait-ce que dans le répertoire d'action utilisé : la manifestation (peut-être avec une composante festive, comme c'est souvent le cas pour les jeunes précaires japonais).

Bon, bon bon...

Publié dans La crise au Japon

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